L’ÉCOLE DE LA
Systémie
La ville de Palo Alto n’est pas réputée uniquement pour abriter les grandes figures de la
High Tech américaine ou la prestigieuse université de Stanford. Elle est aussi le berceau du
Mental Research Institute qui verra naître en son sein, dans les années 50, un courant de pensée
et de recherche qui prendra le nom officieux d’École de Palo Alto.
Fondé par Gregory Bateson avec le concours de Donald deAvila Jackson, John Weakland, Jay Haley,
Richard Fisch, William Fry et Paul Watzlawick, ce courant lie les domaines de la psychologie,
psycho-sociologie aux sciences de l’information et de la communication en rapport avec les concepts
de la cybernétique. Il est à l’origine de la pensée systémique dans le monde de l’accompagnement des
personnes en souffrance.
Mais faisons un peu d’histoire...
En 1952, l'anthropologue Gregory Bateson obtient le financement de la fondation Rockefeller pour
une étude du « paradoxe de l'abstraction dans la communication ». Bateson réunit une équipe au
sein du Veterans Administration Hospital de Palo Alto, composée de l'étudiant en communication
Jay Haley, de l'étudiant en psychiatrie William Fry et de l'anthropologue John Weakland.
L'équipe s'intéresse notamment à l’humour, au Zen et à l’hypnose, ayant de nombreuses rencontres
avec Milton Erickson.
Bateson est fortement influencé par le courant cybernétique, né des conférences Macy auxquelles
il participe de 1942 à 1953. Lors de ces conférences, Bateson a travaillé au sein d’un groupe
interdisciplinaire de mathématiciens, logiciens, anthropologues, psychologues et économistes qui
s’étaient donné pour objectif d’édifier une science générale du fonctionnement de l’esprit.
En 1954, Bateson obtient de la part de la Fondation Macy un financement pour étudier la communication
chez les schizophrènes. Le groupe est rejoint par le psychiatre Donald deAvila Jackson qui vient de
publier son article « La question de l’homéostasie familiale » dans lequel il applique les concepts
de « Milieu Interne » de Claude Bernard et d’homéostasie de Walter Bradford Cannon à l’étude de la
famille. Jackson a auparavant appris à observer les troubles psychiatriques dans une perspective
interactionnelle.
En 1956, ils introduisent le concept de « double contrainte ». Les auteurs envisagent la maladie
mentale comme un mode d’adaptation à une structure pathologique des relations familiales. Cette
théorie provoque un bouleversement des conceptions psychiatriques traditionnelles et contribue au
développement de la thérapie familiale.
En 1959, Don Jackson fonde le Mental Research Institute (MRI) à Palo Alto avec
Virginia Satir et Jules Riskin. Paul Watzlawick, puis Richard Fisch, Jay Haley et John Weakland
rejoignent le MRI. Ne souhaitant pas restreindre son champ de recherche à la psychologie, Bateson
quitte le groupe de Palo Alto en 1963.
A la mort de Don Jackson, en 1968, Richard Fisch crée le Centre de thérapie brève
(CTB) au sein du MRI. Il y est rejoint par Watzlawick et Weakland qui continueront à y
travailler jusqu’à leur mort. Tous trois développent alors l’approche clinique de Palo-Alto, le
premier processus d’intervention de la thérapie brève. En 1974, ils publient leur livre
Changements : Paradoxes & psychothérapie qui aura un immense retentissement.
A l’origine de l’approche systémique et stratégique, le CTB trouve en 1987 en Europe une continuité
auprès de l’Institut Gregory Bateson à Liège avec Jean-Jacques Wittezaele et Teresa Garcia ainsi que
de l’École d’Arrezzo avec Giorgio Nardone. Plus tôt, en 1978, se développa le mouvement
solutionniste avec notamment Steve de Shazer.
L’approche systémique et stratégique de l’école de Palo Alto repose sur une représentation révolutionnaire de l’accompagnement dont les caractéristiques fondamentales peuvent s’énoncer comme suit :
A travers les écrits de Paul Watzlawick (auxquels ont pu contribuer Heinz von Foerster et Ernst von Glasersfeld), l’école de Palo Alto va confirmer son attachement au constructivisme et y apporter sa pierre avec cette idée fondamentale qu’un problème appartient non pas à la réalité mais au récit que le client fait de la réalité et qui l’amène à développer des comportements dommageables pour lui. C’est ce récit qui donnera lieu à un recadrage entrainant un changement de représentation ouvrant lui-même sur une grammaire comportementale nouvelle.
L’ensemble de ces caractéristiques sont à l’origine du développement des processus de dissolution de problèmes que Fabulous Systemic Learning enseigne à travers ses différentes formations.
Si vous souhaitez plonger dans cette histoire, nous vous recommandons la lecture de l’ouvrage « A la recherche de l’école de Palo-Alto » de Jean-Jacques Wittezaele et Teresa Garcia.